La résidence se déroule dans un garage en fonction. Je n’ai pas de voiture, je ne conduis pas, et je ne l’aime pas particulièrement, écologiste dans l’âme, j’ai tendance à m’ en détourner. Pour autant, mon passage au garage Portet ravive mes souvenirs d’enfance, où se mélangent paysages pluvieux et huile de moteur, chansons ensorcelantes du garagiste et de l’auto-radio, terre parcourue, textures, l’ailleurs.
C’est donc dans une grande rêverie que je mets en place cette exposition.
L’utilisation d’un vieux drap de lit en guise de toile est forcément le lieu d’où commence cette rêverie. Le châssis fait de bois récupéré également vient la tendre. Je réalise ensuite une peinture à l’huile de vidange trouvée sur place, qui vient construire un paysage, un de ceux que je vois défiler enfant quand je regarde le ciel par la fenêtre.
Jour après jour, l’huile se dilate et s’ éclaircit, à l’image du souvenir ou des gouttes d’eau qui viennent brouiller le paysage.
Au sol, comme un écho aux traces de pneus dans la boue, les bandes de plâtres, telles le pansement, viennent prendre l’empreinte du paysage, ce ne sont plus des traces de pneu, mais des traces de tronc d’arbre et de gravillons. Une des empreintes de tronc a pris corps en enveloppant, une tranche de bidon d’huile découpée par mes soins, le rouille petit à petit se fraie un chemin à travers le plâtre. A l’image de l’huile de vidange qui continue à être en mouvement après mon intervention, la rouille vient pailleté le plâtre pendant les jours qui suivent.
La vitrine peinte au blanc de meudon laisse apparaître en pochoir les mots de la chanson “road again” posés tels des notes de musique, qui viennent se projeter sur le reste de l’installation, lorsque la nuit tombe.
Enfin, à l’intérieur de la pièce, le lecteur cd du garagiste diffuse une bande son où les seuls mots “on the road again” désolidarisés du reste des textes, et issus de 7 chansons différentes tournent en boucle, comme un disque rayé, mêlant blues, rock etc...