L’immensité, silencieuse et fragile, mise en tension par l’idée toujours présente d’une réalité éphémère.
Par le biais d’une activité systématique, obsédante, étendre la fugacité de cette réalité jusqu’à la distendre et questionner un monde en perpétuel recommencement.
Composer et décomposer des surfaces, des temporalités, puis les étirer comme sur ces vieux enregistrements de voix qui en vieillissant allongent les mots et ne nous laissent qu’un magma envoûtant fait d’onomatopées.
La mise en œuvre et le résultat ne sont pas dissociables, chaque brin d’herbe dessiné à l'encre de chine m’achemine vers la construction de mon paysage.
Dans un monde où les termes d’efficacité et de rentabilité semblent diriger nos modes de vie, je m’évertue autant que possible à ralentir la cadence, à recréer sans cesse cet entrelacement de l’homme à la nature, la fragilité de cet enchevêtrement, de ce soutien, de cette imbrication ; même dans l'apparente absence de cette humanité. Questionner ce monde (notre monde?) balayé de flux permanents.
Ainsi, dans la série en cours Ephéméride (2016 /2017), les paysages se tordent, se dissolvent, se diluent, se superposent en une partition silencieuse. La présence de l'homme n'y est pas toujours visible mais son empreinte est tangible.
Au rythme de respirations, des paysages se font et se défont, et la mélodie lancinante du tambour de la machine à laver (Das waschmachinen Inferno, video, 2013) emporte avec lui un paysage sans dessus dessous.

La perte de repères, l’errance, le vertige, le basculement, l’inéluctable, l’apesanteur, la chute sont autant de notions que je cherche à développer au travers de mes dessins et de mes installations.
                                                                                                                      
                                                                                                                 Océane Moussé.